Sheikh Mouhammad Nacer-dine Al-Albany
Question : Quel est le statut des femmes qui visitent les cimetières ?
Réponse : Les femmes sont les égales des hommes, ce qui est permis aux hommes leur est permis.
Il en va de même pour ce qui est recommandé, sauf s’il y a une preuve particulière établissant une exception.
Pour ce qui est de la visite des cimetières, par les femmes, il n’y a aucune preuve spécifique interdisant un tel acte, de manière générale.
Bien au contraire, dans le Sahih Muslim, un hadith relate l’histoire de ‘Aisha radhi Allahou 3anha avec le Prophète Salla Allahu ‘alayhi wa Salam lorsque celui-ci s’éclipsa hors de son lit.
Il s’en alla à Al-Baqî’ pour saluer les défunts.
Elle sortit en le suivant.
Lorsqu’il s’en retourna, elle en fit de même.
Quand il pressa le pas, alors elle se hâta également pour réintégrer sa couche.
Il l’a rejoignit alors qu’elle haletait. – « Que t’arrive-t-il, ô ‘Aisha ? », lui demanda-t-il.
Ensuite, il ajouta : « Pensais-tu qu’Allah et Son Messager allaient être injustes envers toi ! Jibrîl est venu me voir tout à l’heure et m’a dit : « Ton Seigneur te salue et t’enjoint de te rendre à Al-Baqî’ afin de demander pardon pour les défunts. »
Dans une variante, rapporté dans un autre ouvrage que le sahih, ‘Aisha dit :
« Je doutais de toi, alors que tu pensais à autre chose, ô Messager d’Allah ! »
Elle poursuivit, comme rapporté dans le sahih :
« Ô Messager d’Allah ! Que dois-je réciter quand je visite les cimetières ? »
Il répondit : « Dis … » et mentionna la salutation que l’on connaît.
Quant au hadith :
« Qu’Allah maudisse les femmes qui visitent souvent les cimetières ! », il remonte à l’époque mecquoise.
En effet, le célèbre hadith :
« Je vous avais interdit de visiter les cimetières, vous pouvez le faire désormais. » laisse entendre que la prohibition avait été prononcée, non pas à Médine, mais à La Mecque.
Elle ne pouvait pas dater de l’époque médinoise parce que les compagnons venaient à peine de sortir de l’état de polythéisme.
Quant à la parole du Prophète Salla Allahu ‘alayhi wa Salam : « Vous pouvez le faire désormais. », elle peut correspondre à la période mecquoise.
Quoi qu’il en soit, l’autorisation a suivi l’interdiction formulée à La Mecque.
Ceci résulte en une chose importante par rapport au hadith de ‘Aisha susmentionné.
Si on admet que le Prophète Salla Allahu ‘alayhi wa Salam a dit : « Je vous avez interdit … » après le hadith de ‘Aisha, il est possible que ce dernier soit abrogé.
Mais ceci est très peu probable.
L’avis prépondérant est que c’est à La Mecque qu’il leur a défendu de visiter les cimetières.
Puis, à la fin de la période mecquoise ou au début de l’ère médinoise, il leur a dit : « Vous pouvez le faire désormais. »
Apres cette introduction, il est évident que l’interdiction s’étendait aux hommes aussi bien qu’aux femmes.
Il en va de même pour l’autorisation.
Ceci étant, quand le hadith : « Qu’Allah maudisse les femmes qui visitent souvent les cimetières ! » a-t-il été prononcé ?
Si c’est après l’autorisation qui leur a été donnée, cela signifiera que l’abrogation a été formulée à deux reprises par rapport aux femmes.
Or, c’est là une chose que nous n’avons jamais rencontrée dans les lois abrogées.
En dernier lieu : imaginons un instant que le Prophète Salla Allahu ‘alayhi wa Salam dise : « Qu’Allah maudisse les femmes qui visitent souvent …» après qu’il leur a donné l’autorisation en même temps que les hommes.
Quelle sera la position du hadith de ‘Aisha dans lequel il lui accorde la permission, suite à une sollicitation de sa part ? Était-ce avant ou après avoir dit : « Qu’Allah maudisse … » ?
Si on répond « avant », ce qui à notre avis est le plus vraisemblable, nous ajouterons que c’est une interdiction spécifique faite aux femmes de visiter les cimetières d’une manière particulière.
Il s’agit de faire des visites exagérées, répétées et fréquentes.
Par ailleurs, comment la visite des cimetières par les femmes pourrait-elle être interdite, alors que ‘Aisha n’a cessé de s’y rendre, même après la mort du Prophète Salla Allahu ‘alayhi wa Salam ?
Source : Extrait du livre de Fatwa contemporaines de Sheikh Al-Albani RahimahuLlah page 361/363.