La récitation de la sourate Al-Fâtiha sur les tombes

Rédigé le 06/04/2020

Sheikh ‘Abdel-‘Azîz Ibn ‘Abdi-llâh Ibn Bâz

Question : Quel est le regard de la religion sur la visite des tombes et la récitation de la sourate Al-Fâtiha, particulièrement sur les tombes des walî, comme on les appelle dans certains pays arabes frontaliers, bien que ceux qui le font disent :

«Je ne veux pas commettre un acte de polythéisme, mais si je ne visite pas ce walî, il vient dans mes rêves et me demande pourquoi je ne l’ai pas visité.»

Quel est le regard de la religion sur cette attitude ?

Qu’Allaah vous récompense.

Réponse : Il est permis aux hommes musulmans de visiter les tombes comme Allaah سبحانه l’a légiféré par l’intermédiaire de Son Prophète صلى الله عليه وسلم :

«Visitez les tombes, cela vous rappellera l’au-delà.»

Muslim dans le chapitre des funérailles (108-976)

Dans le Sahîh de Muslim, selon Burayda ibn Al-Hasîb رضي الله عنه le Prophète صلى الله عليه وسلم enseignait à ses Compagnons, lors de la visite des tombes, de dire :

«Que le salut soit sur vous, Ô gens de ces demeures, parmi les croyants et les musulmans, et nous allons, si Allaah le veut, vous rejoindre.

Nous demandons à Allaah le salut pour nous et pour vous.

Qu’Allaah accorde Sa grâce à ceux qui sont morts avant nous et à ceux qui vont les suivre.»

Muslim dans le chapitre des funérailles (975)

Dans un autre hadith authentique, selon ‘A’icha رضي الله عنه le Prophète صلى الله عليه وسلم disait lors de la visite des tombes :

«Que le salut soit sur vous, Ô gens de ces demeures, parmi les croyants et les musulmans, et nous allons, si Allaah le veut, vous rejoindre.

Nous demandons à Allaah le salut pour nous et pour vous.

Qu’Allaah accorde Sa grâce à ceux qui sont morts avant nous et à ceux qui vont les suivre ; qu’Allaah pardonne aux morts de Baqîca al-Gharqad. »

Muslim dans le chapitre des funérailles (974)

Lors de la visite, le Prophète صلى الله عليه وسلم ne récitait ni la sourate Al-Fâtiha, ni d’autres versets du Coran, et c’est plutôt une innovation et le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit :

«Quiconque invente dans notre religion ce qui lui est étranger, cela lui est rejeté.»

Al-Bukhârî dans le chapitre de la réconciliation (2697), Muslim dans le chapitre des jugement (1718).

Dans la version de Muslim :

«Quiconque pratique une œuvre n’appartenant pas à notre religion, cela lui est rejeté.»

Al-Bukhârî, Muslim dans le chapitre des jugements (18-1718).

Dans Sahîh Muslim, selon Jâbir ibn ‘Abdillah Al-Ansârî رضي الله عنه le Prophète صلى الله عليه وسلم disait dans le prône de la prière du vendredi :

«Certes la meilleure parole est le Livre d’Allaah, la meilleure pratique est celle de Muhammad صلى الله عليه وسلم et les pires des choses sont les inventions et chaque innovation est un égarement.»

An-Nassâ’î ajoute, dans sa version :

«Et chaque égarement mène en Enfer.»

Muslim dans le chapitre du vendredi (867), An-Nassâ’î dans le chapitre des deux fêtes (3/188-189).

Il incombe donc au musulman de s’en tenir à la sainte Loi, et de se prémunir des innovations au sujet de la visite des tombes et dans d’autres domaines.

La visite des tombes des musulmans, qu’ils soient appelés Walî ou non, est autorisée, puisque tout croyant et croyante sont des Walî, comme Allaah, qu’Il soit Glorifié, le dit (traduction rapprochée) :

«En vérité, les bien-aimés d’Allaah seront à l’abri de toute crainte, et ils ne seront point affligés, * Ceux qui croient et qui craignent [Allaah].» [Jonas, v. 62-63]

Et le Très-Haut dit (traduction rapprochée) :

«Quoi qu’ils n’en soient pas les gardiens, car ses gardiens ne sont que les pieux. Mais la plupart d’entre eux ne le savent pas.» [Le Butin, v. 34]

Mais il n’est pas permis aux visiteurs et ni même à ceux qui ne les visitent pas, d’invoquer les morts, de leur demander assistance, faire des vœux pour eux, faire des sacrifices à côté des tombes ou à n’importe quel endroit spécifique à ces pratiques polythéistes, afin que les morts intercèdent, guérissent leurs malades, les fassent triompher sur l’ennemi ou tout autre service, car tout cela fait partie de l’adoration et l’adoration doit être vouée exclusivement à Allaah.

En effet, Allaah dit dans le Coran (traduction rapprochée) :

«Il ne leur a été commandé, cependant, que d’adorer Allaah, Lui vouant un culte exclusif.» [La Preuve, v. 5]

Et Il dit, qu’Il soit exalté (traduction rapprochée) :

«Je n’ai créé les djinns et les hommes que pour qu’ils M’adorent.» [Qui éparpillent, v. 56]

Le Très-Haut dit aussi (traduction rapprochée) :

«Les mosquées sont consacrées à Allaah : n’invoquez donc personne avec Allaah.» [Les Djinns, v. 18]

Il dit encore, qu’Il soit exalté (traduction rapprochée) :

«Et ton Seigneur a décrété : « N’adorez que Lui ».» [Le Voyage Nocturne, v. 23]

Il dit, qu’Il soit exalté (traduction rapprochée) :

«Invoquez Allaah donc, en Lui vouant un culte exclusif, quelque répulsion qu’en aient les mécréants.» [Le Pardonneur, v. 14]

Il dit, qu’Il soit exalté (traduction rapprochée) :

«Dis : «En vérité, ma prière, mes actes de dévotion, ma vie et ma mort appartiennent à Allaah, Seigneur de l’Univers.* A Lui nul associé ! Et voilà ce qu’il m’a été ordonné, et je suis le premier à me soumettre.»» [Les Bestiaux, v. 162, 163]

Et beaucoup de versets convergent dans ce sens.

Dans la Sunna authentique, le Messager d’Allaah صلى الله عليه وسلم a dit :

«Le droit d’Allaah sur Ses serviteurs est qu’ils L’adorent sans rien Lui associer.»

Selon Mucâdh رضي الله عنه : Al-Bukhârî dans le chapitre du Jihâd (2856), Muslim dans le chapitre de la foi (30)

Cela englobe toutes les adorations comme la prière, le jeûne, l’inclinaison, la prosternation, le pèlerinage, les invocations, le sacrifice, les vœux et autre, comme il a été spécifié dans les versets précédents.

Dans le Sahîh Muslim, selon ‘Alî رضي الله عنه le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit :

«Allaah a maudit celui qui égorge pour autre qu’Allaah.»

Muslim dans le chapitre des sacrifices (1978)

Dans le Sahîh Muslim également, selon ‘Umar ibn Al-Khattâb رضي الله عنه le Prophète صلى الله عليه وسلم a dit:

«Ne me prodiguez pas excessivement des éloges, comme les Nazaréens l’ont fait pour (Jésus) le fils de Marie, je ne suis qu’un serviteur. Alors appelez-moi : le serviteur d’Allaah et Son Messager.»

Al-Bukhârî dans le chapitre des histoires des prophètes (3445)

Les hadiths qui exhortent à adorer Allaah Seul et interdisent le polythéisme et les moyens qui y mènent, sont nombreux.

Cependant, la visite des tombes pour les femmes sont interdites, car le Messager صلى الله عليه وسلم a maudit les visiteuse des tombes.

At-Tirmidhî dans le chapitre des funérailles (1056), Ibn Mâjah dans le chapitre des funérailles (1576), Ahmad (2/337), (3/443)

La sagesse dans cette interdiction, et Allaah est Plus Savant, réside peut-être dans le fait que leur visite peut causer une séduction pour elles et pour les hommes.

En effet, la visite des tombes au début de l’islam était interdite pour prévenir le polythéisme, mais quand l’islam s’est propagé et les principes de l’unicité se sont affermis, le Prophète صلى الله عليه وسلم a permis la visite des tombes à tous et à toutes.

Puis, il l’a interdite aux femmes pour prévenir la séduction.

Concernant les tombes des mécréants, il n’y a pas de mal à les visiter, pour le rappel et les enseignements.

Mais il ne faut pas invoquer Allaah et implorer Son pardon pour eux, conformément au hadith dans Sahîh Muslim, dans lequel le Prophète صلى الله عليه وسلم a demandé la permission à son Seigneur pour qu’Il pardonne à sa mère, ce qui a été refusé.

Puis, Il a demandé à Allaah la permission de visiter sa tombe, ce qui a été accepté.

Muslim dans le chapitre des funérailles (976)

En effet, elle est morte en suivant la religion de son peuple (c’est-à-dire, dans la mécréance).

Je demande à Allaah d’aider les musulmans hommes et femmes à comprendre leur religion, à l’appliquer dans les actes, les paroles et la croyance et de les protéger contre tout ce qui contredit la Sainte Loi.

Il est le Seul Qui a le pouvoir de le faire.

Et les prières et le salut d’Allaah sont sur notre Prophète Muhammad, sa famille et ses Compagnons.

Source : Revue des Recherches Islamiques n° 42, page 132-134
Traduit et publié par fatawaislam.com